Le chemin de la connaissance EST le chemin de la conscience.
Avant d’entrer dans ce chemin, nous vivons dans une sorte d’automatisme.
Et lorsque nous choisissons de faire le premier pas conscient vers la connaissance, le premier adversaire du chemin se présente : la Peur.
La Peur était déjà là, montrant son visage chaque fois que l’inconnu s’insinue.
C’est pourquoi le tonal, au début, cherche à garder l’inconnu — la porte du nagual — aussi fermée que possible. Il entre dans une lutte pour tout contrôler, pour faire entrer tout dans le connu.
La Peur menace à distance. Elle s’approche et se grandit à travers notre imagination, qui projette dans le miroir de l’inconnu la Peur qui était déjà dans le subconscient.
Dans cette lutte pour éviter la Peur, on ne parvient qu’à en devenir moins conscient. Mais les effets se font sentir au quotidien : dans l’anxiété, la tension, la tentative de contrôler les choses, dans les cauchemars, dans une série d’émotions négatives qui montrent qu’un conflit se déroule à l’intérieur du tonal.
Lorsque nous nous abandonnons à la Peur, lorsque nous nous laissons aller à y croire et à ne pas la défier, elle prend de l’ampleur, et la peur de la Peur nous paralyse.
Et alors, nous ne pouvons plus faire de nouveaux pas sur le chemin de la connaissance. Nous cherchons refuge dans le connu. Et le prix à payer est d’accepter de vivre sous les rênes d’une peur constante et subconsciente. Le tonal devient, selon les mots du nagual Juan Matus, un gardien mesquin et tyrannique. Nous devenons des personnes effrayées, ou des oppresseurs.
La Peur peut sembler être l’adversaire le plus terrible de tous, mais la façon de la défier est simple :
Quand l’inconnu se présente, nous devons ressentir la peur et pourtant faire un pas. Un à la fois. Nous serons pleinement présents et alertes, observant, ressentant pleinement la peur, sentant la menace imminente de la peur, peut-être avec l’envie de s’enfuir, de fermer les yeux, voire de s’évanouir de peur, ou d’essayer de la chasser avec colère, mais cela suffit : respirer, observer attentivement, ressentir cette intensité, et continuer, même en ressentant la peur, un pas à la fois.
Il ne s’agit pas d’essayer de ne pas ressentir la peur. Cela ne fait qu’augmenter la peur.
C’est comme ressentir une douche d’intensité dans tout le corps à laquelle on ne résiste pas.
En agissant ainsi, nous défions la peur. Nous la ressentons totalement, et pourtant, nous n’y croyons pas entièrement, et nous restons présents.
À chaque fois, à chaque défi, un peu plus. Sans se frustrer ni céder à un sentiment de défaite lorsque nous ne supportons pas l’intensité. Une seconde de plus à chaque fois compte. L’essentiel est le choix de défier la peur.
Lorsque nous faisons cela, à un certain point, nous finirons par nous rendre compte que la Peur cède. Quelque chose en nous qui surpasse la peur commence à se renforcer : notre Clarté.
À chaque pas que nous faisons même en ressentant la Peur, nous renforçons goutte à goutte une certaine confiance dans la stabilité de notre propre perception. Et cette confiance finit par éloigner la Peur.
J Christopher