Un Journal d’Herméneutique Appliquée – Qui sont les Chacmools ?

Une des questions posées avec une insistance remarquable concerne les trois personnes qui ont enseigné les séminaires et ateliers jusqu’à présent : Kylie Lundahl, Reni Murez et Nyei Murez. Elles ont été appelées « les chacmools« . C’est un terme tiré du nom donné à d’imposantes figures humaines trouvées dans les pyramides de Tula et du Yucatan au Mexique. Les archéologues ont classé ces figures massives d’hommes inclinés comme des brûleurs d’encens placés aux portes des pyramides, mais don Juan Matus croyait qu’elles étaient des représentations de guerriers-gardiens qui protégeaient les pyramides en tant que sites de pouvoir.

Ces figures furent rencontrées pour la première fois dans la ville maya de Chacmool, d’où le nom « chacmool ». Les trois personnes mentionnées ci-dessus entrent dans cette catégorie générale de guerrier-gardien. Cependant, il est erroné de croire qu’elles trois à elles seules constituent cette catégorie de guerrier. Les trois sont celles sur lesquelles a reposé, jusqu’à présent, la responsabilité de soutenir l’idée d’un guerrier-gardien. Chacun de nous qui accepte la responsabilité de garder devient, ipso facto, un chacmool. Carlos Castaneda, en tant que chef nominal de notre entreprise de liberté, est le chacmool de nous tous, et dans la même mesure, Carol Tiggs l’est aussi.

Sur Kylie Lundahl, Reni Murez et Nyei Murez repose, néanmoins, le fardeau d’avoir été les premières à appliquer à la vie quotidienne certains mouvements appelés passages magiques, découverts et développés par des chamans qui vivaient au Mexique dans les temps anciens ; sur ces trois femmes repose aussi la joie et l’honneur d’avoir apporté ces passages magiques au public en général. Et l’acte de les rendre publics aurait dû les libérer ; il aurait dû couper davantage leurs liens avec l’importance de soi qui régit les actes de la vie quotidienne. Idéalement, la Tensegrity devrait apporter la liberté à ses praticiens, et les trois chacmools connus des participants à nos séminaires et ateliers devraient profiter de cette situation. Cependant, la nouveauté d’avoir mis à la consommation publique quelque chose d’aussi secret que les passages magiques a été un piège que nous n’avions aucun moyen d’anticiper.

Après avoir dit merci et au revoir, lors du séminaire et de l’atelier des 9 et 10 décembre 1995, à leur public, les trois se dirigeront vers une autre strate de l’affaire à plusieurs niveaux qu’est le chemin du guerrier. Elles se sépareront pour tester leur discipline face à des probabilités indéterminables.

(Carlos Castaneda, Un Journal d’Herméneutique Appliquée)

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